DECLARATION DE S.E. M. MOHAMMED LOULICHKI AMBASSADEUR, REPRESENTANT PERMANENT ADJOINT DU ROYAUME DU MAROC AU NOM DU GROUPE DES 77 ET LA CHINE DEVANT LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL SUR LE POINT 3 A): "COOPERATION NATIONALE ET INTERNATIONALE AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT SOCIAL" (NEW YORK, LE 12 FEVRIER 2003)

Monsieur le Président,

Permettez-moi tout d'abord, au nom du Groupe des 77 et la Chine, de vous adresser mes sincères félicitations pour votre accession à la Présidence de notre Commission. Votre engagement personnel mais aussi celui de votre pays en faveur de la cause du développement social, vos qualités de diplomate et de négociateur reconnues de tous sont autant de gages de succès et de réussite dans l'accomplissement de nos travaux. Je peux vous assurer du plein appui de notre Groupe dans l'accomplissement de votre mission.

Mes félicitations s'adressent également aux autres membres du Bureau.

Je saisis par ailleurs cette occasion pour adresser mes remerciements au Secrétariat pour son professionnalisme et pour la qualité des documents qui nous ont été soumis.

Monsieur le Président,

Le Groupe des 77 et la Chine attachent une importance tout à fait particulière au thème prioritaire de notre session " la coopération nationale et internationale au service du développement social.

En effet, dans un monde de plus en plus marqué par les effets de la mondialisation, la coopération internationale s'avère plus nécessaire que jamais pour remédier aux effets négatifs de cette mondialisation sur les pays en développement.

L'on se rappelle qu'on 1995 à Copenhague, la Communauté internationale avait pris conscience de la nécessité d'apporter des améliorations urgentes à la condition des pays en développement dans des domaines aussi vitaux que l'éducation, l'alphabétisation et la lutte contre la pauvreté.

Dans le Programme d'action adopté à l'occasion de ce Sommet, les participants ont souligné l'impérieuse nécessité du renforcement de la solidarité internationale en faveur des pays en développement, en particulier les pays d'Afrique et les pays les moins avancés, afin qu'ils puissent recueillir les bienfaits de la mondialisation.

Monsieur le Président,

Nous sommes les premiers à reconnaître que la responsabilité des Gouvernements est essentielle dans la mise en œuvre des politiques en matière de développement social et que toute stratégie de développement social doit être bien conçue, appliquée de façon réaliste et transparente afin de lui donner toutes les chances de succés.

En même temps, le Groupe des 77 et la Chine réitèrent une fois de plus l'importance décisive que revêt le renforcement de la coopération en vue de la réalisation des objectifs du développement social.

Ce renforcement passe nécessairement par une aide accrue non conditionnelle et conséquente de la Communauté internationale en faveur des pays en développement en vue de la réalisation des objectifs du développement social en général et de l'élimination de la pauvreté en particulier.

Il passe aussi par l'amélioration des capacités nationales des pays en développement et la mise en place des structures pouvant leur permettre de participer de manière effective et équitable au processus de la mondialisation. La Déclaration du Millénaire avait d'ailleurs rappelé que tous les Etats devaient être en mesure d'acquérir des capacités de base suffisantes en vue de la réalisation des objectifs du développement social.

Bien entendu, sur les plans national et international, la transparence dans la définition des politiques de développement social et leur mise en œuvre, l'accès égal à l'emploi pour les hommes et les femmes, la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, constituent autant de facteurs de base qui font la réussite des politiques de développement social.

Cette coopération requiert, enfin, un appui financier et technique plus significatif en terme d'échanges de données d'expérience et de pratiques en matière de développement social.

A ce propos, le Groupe des 77 et la Chine souhaiteraient rappeler que les institutions internationales peuvent apporter une contribution opportune dans ce domaine. En effet, l'Organisation des Nations Unies a réalisé, depuis sa création, des travaux considérables de collecte d'informations et de données dans différents domaines notamment ceux de la santé, de la démographie et de l'éducation. Elle est parvenue à compiler des données fiables sur les indicateurs sociaux à l'échelle mondiale. Ce travail de collecte et d'analyse doit être encouragé et poursuivi afin d'enrichir la réflexion collective des Gouvernements et des différents partenaires nationaux et internationaux concernés par l'échange d'expérience et de pratiques en matière de développement social. Le renforcement des capacités de base des Etats constitue aussi un élément essentiel dans la réalisation des objectifs du développement social.

Monsieur le Président,

Le Groupe des 77 et la Chine reconnaissent l'importance de l'établissement de partenariats novateurs et mutuellement bénéfiques afin de renfoncer la coopération nationale et internationale au service du développement social.

Dans ce domaine, les Gouvernements ont un rôle d'impulsion fondamental entant que premier responsable de la mise en place des cadres nationaux favorisant l'épanouissement d'idées nouvelles et de partenariats créatifs.

La société civile et le secteur privé ont, pour leur part, une responsabilité spécifique à assumer en vue de l'établissement de partenariats inventifs axés sur la réalisation des objectifs du développement social.

Cependant, ces efforts resteront insuffisants s'ils ne sont pas épaulés par un appui financier substantiel permettant aux pays en développement d'atteindre les objectifs de développement social.

Le Groupe des 77 et la Chine souhaiteraient rappeler à cet égard que les Chefs d'Etat et de Gouvernement se sont engagés à Copenhague à " faciliter les apports internationaux aux pays en développement sur les plans financier, technologique et sur celui des compétences afin de réaliser l'objectif consistant à fournir à ces pays des ressources nouvelles ou supplémentaires qui soient à la fois adéquates et prévisibles ".

Le Groupe des 77 et la Chine relèvent avec satisfaction, qu'en matière de partenariat, le NEPAD, (Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique) est cité dans le rapport du Secrétaire général. Cette importante réalisation, conçue par les africains et pour les africains, mérite, au même titre que d'autres initiatives, d'être soutenue et encouragée par la Communauté internationale en vue d'en garantir le succès.

Monsieur le Président,

Dans la poursuite du développement social, le secteur privé, en particulier les sociétés internationales, est appelé à jouer un rôle de plus en plus actif dans la résolution des problèmes sociaux rencontrés en terme d'emploi, de protection sociale, de formation et d'aide aux plus vulnérables. Cette contribution pourrait se réaliser à travers l'établissement de partenariats entre les secteurs public et privé.

Il est vrai par ailleurs que pour appréhender en toute objectivité la responsabilité sociale du secteur privé, les contextes spécifiques sur un plan culturel, politique, économique et social de chaque pays doivent être pris en compte. Bien entendu, les normes internationales en matière de protection des travailleurs doivent être respectées. A Copenhague, l'engagement a été pris de s'efforcer d'assurer des emplois de qualité et de défendre les droits et intérêts des travailleurs et, à cet effet, de librement promouvoir le respect des Conventions pertinentes de l'Organisation des Nations Unies et de l'Organisation Internationale du Travail.

Monsieur le Président,

Lors du Sommet de Copenhague, nos Chefs d'Etat et de Gouvernement se sont engagés à "faire de la création d'emplois, la réduction du chômage et la multiplication d'emplois convenablement et suffisamment rémunérés, les éléments essentiels des stratégies et des politiques gouvernementales…." A cette fin, les stratégies nationales d'emploi, dont la réussite contribue largement au développement macro-économique, devraient inclure, notamment, les objectifs suivants :

- l'éradication de la pauvreté comme objectif primordial ;
- la mise en place de secteurs éducatifs adaptés et efficaces pouvant contribuer à l'amélioration du capital humain ;
- la promotion et la vulgarisation de l'utilisation des nouvelles technologies informationnelles et communicationnelles ;
- l'élimination de toute forme de discrimination dans l'accès à l'embauche ;
- la création de systèmes de prévoyance et de protection sociales ; et
- l'établissement de partenariats fructueux avec la société civile et le secteur privé.

De même, une coopération internationale plus accrue et mieux coordonnée devrait s'établir afin que les politiques d'emploi pouvant contribuer positivement à la croissance économique des pays en développement, soient encouragées et ne souffrent pas de l'impact de certaines politiques migratoires internationales favorisant uniquement l'immigration de personnes qualifiées.

En effet, le potentiel humain de ces pays devrait être développé à travers une coopération internationale favorable, entre autres, à l'assistance technique, au transfert des technologies et à l'investissement, ce qui permettrait à ces pays d'élargir leurs potentialités humaines qualifiées.

Monsieur le Président,

Le Programme d'action de Copenhague prévoit que " la Banque mondiale, le Fonds Monétaire international les Banques et Fonds régionaux et sous-régionaux de développement et toutes les Organisations financières internationales devraient intégrer davantage les objectifs du développement social dans leurs politiques ". Cet engagement est d'autant plus pertinent qu'actuellement, les institutions financières internationales ont, de plus en plus, un impact socio-économique considérable dans les pays où ils opèrent.

Pour cette raison, ces institutions sont appelées à faire preuve de vigilance vis-à-vis des crises financières potentielles, qui ont des répercussions sociales négatives, surtout dans les pays en développement et à aider ces pays à développer leurs capacités afin de se prémunir des risques de ces crises. Cette assistance devrait en outre prendre en considération les besoins de développement à long terme des pays touchés.

Dans ce même esprit, les institutions financières internationales devraient donner la priorité à l'octroi d'une aide publique au développement additionnelle aux pays en développement.

Enfin, dans un souci de transparence, les pays en développement devraient être dûment impliqués dans le processus de prises de décisions économiques internationales.

Monsieur le Président,

Il est vrai que la croissance économique et les politiques sociales constituent deux éléments fondamentaux en matière de réalisation du progrès social et que l'Organisation des Nations Unies joue un rôle important en matière de coordination des efforts dans ce sens. Toutefois, le G77 et la Chine estiment que les tâches dévolues à chacune des 2 et 3ème Commission de l'Assemblée générale dans les domaines économique et social sont bien définies et sont conformes au mandat de chacune d'entre elles.

Monsieur le Président,

La Communauté internationale dispose actuellement d'un arsenal d'engagements solide et diversifié devant lui permettre d'atteindre les objectifs du développement social. A travers l'Organisation des Nations Unies nous avons pu nous mettre d'accord, parfois non sans difficultés, sur la nécessité de définir plusieurs engagements concrets, notamment, l'éradication de la pauvreté, le plein emploi, l'humanisation de la mondialisation, le développement de l'Afrique et des pays les moins avancés, etc. Nous sommes parvenus également à circonscrire certains moyens susceptibles d'assurer la réalisation de ces objectifs.

Le G77 et la Chine estiment qu'il est du devoir à présent de l'ensemble de la Communauté internationale, d'assumer ses responsabilités afin d'honorer ses engagements et de mettre en œuvre les décisions adoptées, afin de réaliser les objectifs de développement social pour le bien être des générations présentes et futures.