Statements

DISCOURS DE S.EXC. MME L’AMBASSADEUR REBECA
SANCHEZ BELLO, PRESIDENTE DU G-77 ET LA CHINE
DANS L’ACTE D’INVESTITURE

Paris, le 27 Janvier 2009


Votre Excellence Mme. Irène Rabenoro,
Ambassadeur de Madagascar,
Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Délégués,
Mes chers collègues

Pour la République Bolivarienne du Venezuela occuper la présidence du G-77 et la Chine en cette année de 2009 constitue un honneur et un défi, car nous accordons à cette instance une importance fondamentale au sein même des Nations Unies et de manière plus générale dans le cadre des relations multilatérales.

Nous sommes aujourd’hui les témoins d’un monde parsemé de crises et de conflits qui affaiblissent les fondements de nos sociétés et compromettent la paix mondiale. La crise financière, énergétique, alimentaire, la détérioration progressive de l’environnement et surtout la profonde crise morale que nous vivons, nous obligent à assumer des responsabilités croissantes. Elle nous oblige également à réunir nos efforts dans le but de construire une véritable culture de paix, de coopération et de compréhension entre nos peuples emprunte de tolérance et ouverte aux différences idéologiques, sociales, culturelles ou religieuses. L’éducation, la science, la culture et la communication se doivent de servir les causes de la justice sociale et garantir la paix et la sécurité de la planète. Nous sommes conscients que le chemin sera ardu, d’autant plus que le monde a été témoin de la violence et l’injustice dans différentes régions et sait que ces maux constituent une menace permanente à l’échelle planétaire.

Les pays du Sud ne peuvent rester indifférents devant tant de barbarie, devant le génocide et l’impunité. Dans ce contexte, il est urgent de développer notre engagement, ce qui implique, Messieurs les Délégués, que nous devons montrer une volonté politique capable de nous conduire vers un processus de refondation de l’UNESCO.

C’est pourquoi nous considérons que le Groupe des 77 et la Chine doit s’affirmer en tant que groupe de réflexion et d’action. Il doit appréhender autrement les sujets qui affectent l’humanité dans son ensemble et en particulier les jeunes générations. Nous devons, donc, nous demander quel est le rôle que notre organisation doit jouer de nos jours face aux difficultés qui menacent la planète. Nous devons également nous poser des questions au sujet de notre rôle au sein de l’UNESCO, quelle direction doit prendre le débat sur les sujets cruciaux pour la planète et à propos desquels l’Organisation doit prendre partie de façon plus active. Nous ne pouvons rester impassibles face à des situations qui vont à l’encontre des principes fondateurs de l’UNESCO.

C’est pourquoi la refondation de l’UNESCO doit être aujourd’hui une priorité, notre objectif le plus urgent. Nous sommes et devons être une force capable de rassembler des projets et des idées dans le but de transformer l’UNESCO. L’Organisation doit devenir la scène sur laquelle nous discutons les sujets graves qui préoccupent le monde pour proposer ensemble, des solutions et des orientations, dans le but de promouvoir une culture de paix.

Comme l’a rappelé à maintes reprises M. Federico Mayor, ancien Directeur Général de l’UNESCO, « l’Acte constitutif de cette Organisation est axé sur la tâche essentielle de construire les remparts de la paix dans l’esprit des hommes. L’organisation doit donc promouvoir la coopération internationale dans cet esprit et dans ses domaines de compétence et prendre en compte les défis du nouveau millénaire qui supposent une réorientation éthique, sociale, économique et politique afin d’édifier la paix avec les outils dont elle dispose. Par conséquent l’avenir de ce monde devra s’ériger sur des bases d’amour, de tolérance et d’éducation ». (Fin de citation)

Nous devons, désormais, promouvoir et consolider un système mondial multipolaire, dont l’inspiration serait le respect de la souveraineté, l’indépendance, le droit à l’autodétermination des peuples ainsi que les normes du Droit Public International et du Droit International Humanitaire, la Charte des Nations Unies, le renforcement du multilatéralisme et la consolidation de la Coopération Sud-Sud. Nous voudrions insister sur l’idée de la construction d’une nouvelle géopolitique conçue depuis le SUD. Dans ce contexte la complémentarité, la solidarité et l’intégration des peuples constituent des éléments fondamentaux pour la défense de nos bases historiques et des luttes et revendications des peuples du SUD. Nous sommes convaincus que le concept de développement que nous avons comme modèle de société et d’économie actuellement n’est pas une option viable à long terme.

Et pourquoi ?

Et bien parce que d’après les chiffres officiels des Nations Unies 1% de la population concentre à elle seule 40 % des richesses mondiales ; 2 800 millions de personnes (c'est-à-dire, près de la moitié de la population mondiale) survie avec moins de deux dollars par jour, près de 30 mille enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour à cause de maladies qui auraient pu être évitées. Un enfant sur dix n’atteint pas l’âge de cinq ans, plus d’un demi million de femmes meurt chaque année pendant la grossesse ; 39 millions de personnes des pays du Sud sont atteints du SIDA, maladie est la cause principale de mortalité en l’Afrique sub- saharienne ; plus d’un milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable ; 876 millions d’adultes sont analphabètes, parmi lesquels deux tiers sont des femmes ; 80% des réfugiés de par le monde sont des femmes ou des enfants. En Afrique Sub-saharienne une personne sur trois souffre de faim chronique ; dans les pays du Sud 325 millions d’enfants ne vont pas à l’école ; 50% des espèces animales et végétales sont en péril de disparition ; le réchauffement de la planète a des effets catastrophiques sur les glaciers de l’Antarctique ; dix millions de tonnes de Dioxyde de Carbone polluent l’atmosphère de notre planète. Voila quelques chiffres plus qu’inquiétants.

En assumant la Présidence de cet important forum, le Venezuela invite tous les Etats membres à travailler conjointement afin de se donner les moyens d'atteindre un but : celui de redynamiser le G-77 et la Chine pour qu’il devienne un groupe moteur de transformations dont l'UNESCO a besoin en ce début de XXI siècle et que l’Organisation récupère son prestige et sa réputation internationale. De cette façon, si elle se trouve face a des situations de crise, elle pourra réagir de façon plus opportune et améliorera son sens de la coopération, de l’aide et de la solidarité internationale afin que les décisions que prendront les principaux organes qui la compose, ne soient pas en contradiction avec la Constitution de cette Organisation; pour que les ressources budgétaires et extrabudgétaires se concentrent sur les sujets prioritaires et certains programmes importants; pour que les sujets de fond déterminent l'agenda de l'Organisation et ne soient pas simplement pris en compte pour des raisons administratives ; pour que, très cher collègues, l'UNESCO soit, plus que jamais, la Maison des Droits de l’ Homme.

Pour conclure, je voudrais tout d’abord remercier sincèrement le Groupe de l’Amérique Latine et des Caraïbes (GRULAC), pour avoir proposé et soutenu notre pays, afin qu’il occupe et honore la responsabilité que suppose la Présidence du G-77 et la Chine, ainsi qu’à tous les Etats y représentés, pour avoir accepté notre candidature. Nous nous engageons donc à faire du G-77 et la Chine, le Groupe le plus dynamique, toujours au cœur des débats et problématiques posées par l’UNESCO.

Je vous remercie.